INSTALLATION SONORE
A LA GALERIE ARTEM DE QUIMPER

La galerie ARTEM de Qimper, qui se définit ainsi, je cite "...ARTEM est une association d'artistes et un lieu de diffusion de la création contemporaine dans le domaine des arts visuels..." nous propose une oeuvre... sonore.
Ce qui en soit n'est pas rare aujourd'hui. De plus en plus, les arts visuels intègrent des oeuvres sonores. Ou peut-être sont-ce les arts sonores qui se glissent dans les lieux de monstration initialement destinés les arts plastiques. Ou bien encore les deux tendances se rejoignent-elles naturellement, dans l'air du temps, et dans des rencontres qui brouillent les pistes de l'oeil et de l'oreille.
Allez donc savoir !
Le temps, ou plutôt l'espace temporel des créations sonores, des musiques expérimentales, des oeuvres numériques, rythme désormais régulièrement les galeries d'art. Nous ne nous en plaindrons pas car un peu de visibilité gagné, pour les arts sonores, est toujours bon à prendre.
Revenons à Hughes Germain. Cet artiste musicien fait partie du collectif "Volume-collectif" qui a déjà réalisé plusieurs travaux autour de l'environnement et des paysages sonores. D'ailleurs, l'installation d'Hughes Germain traite justement du paysage sonore.
Mais laissons la parole à l'artiste :
Le paysage sonore est le cadre de la collecte des sons, le choix d'un lieu fait le cadre conceptuel de la recherche. Tout découle de là. Lors de l'enregistrement, ma "manière-d'être-au-monde" tend à la plus grande disponibilité possible, comme un "laisser-remplir" : ne pas produire de sons de manière intentionnelle, mais plutôt diriger l'écoute dans le paysage sonore en mouvement. Si, en soi, l'outil vient amplifier l'ouverture
recherchée, le choix de sa position, de son orientation permet de créer tour à tour des espaces enregistrés différents dans l'univers choisi. Le matériel est simple pour se faire oublier, mais de très grande qualité pour un rendu fidèle au vécu.
Le travail sur les sons vise à les éloigner du directement reconnaissable, en conservant l'esprit d'un paysage sonore; dégagés de leur matérialité
habituelle, ils existent par et pour eux-mêmes, éléments autonomes, cohérents, sans beaucoup de repères au temps qui s'écoule. Il s'agit bien d'être à la limite de l'abstraction, de faire le
juste nécessaire pour que les sons décollent d'une réalité documentaire, qu'ils passent au delà, dans l'imaginaire. Que chacun compose une unité a-temporelle, décontextualisée, séparée et
disponible.
Et l'ensemble forme un tout signifiant par rapport au lieu de collecte des sons.
Le donner à entendre tel quel n'est pas possible. Ce n'est pas un bloc figé et il restera toujours ouvert.
Cet ensemble est conçu avec la volonté d'interprétation en direct ; les possibilités de combinaison de ces éléments vont permettre de redonner du vivant à cette matière fragmentée - ne jamais
l'assécher, la stériliser.
Il est nécessaire de remettre en question, en péril, l'organisation des sons à chaque diffusion ; le jeu en direct déroule comme un processus naturel de vie, et en même temps s'en éloigne et le
transcende en provoquant des rencontres improbables entre les sons. C'est cette contradiction dans la création qui provoque le doute sur la nature de l'entendu. Alors il ne reste que des
enregistrements de ces moments de diffusion : concerts, rencontres avec d'autres musiciens, danseurs, vidéastes, installation dans le lieu de collecte... Tous ces moments sont uniques,
non-reproductibles, à l'image de la vie.
Hughes Germain.