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LE FIELD RECORDING
AU  PAYS DE LA PHOTOGRAPHIE

le 19 décembre 2008 au  musée REATTU D'ARLES



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Le field recording, littérallement enregistrement dans un champs, ou un espace, pour étendre la traduction anglo-saxonne vers une acception francophone plus juste, reste une pratique des plus intéressantes, entre écologie sonore, vers la médiation et la défense d'environnements sonores qualitatifs et arts sonores pensée comme une  (re)construction de paysages sonores via le microphone.
Une seule lettre différencie d'ailleurs photographie et phonographie, terme qui semble être le plus proche synonyme de field recording avec la notion de paysages sonores cher au regretté Luc Ferrari.
Le rapprochement est donc des plus naturels, entre un photographe qui part collecter des traces de paysages visuels, de la mémoire, quitte à y imprimer très fortement sa propre vision, ses propres paysages mentaux, et un phonographiste qui fait de même avec ses paires de micros et ses magnétophones portables.
Cependant, entre ces deux pratiques, force est de constater que la mémoire passe majoritairement par le média visuel, l'appareil photo étant beaucoup plus utilisé en vacances que le magnétophone, comme boîte à souvenirs.
Sylvain Gire, l'un des deux co-fondateurs d'Arte Radio, n'a d'ailleurs de cesse de déplorer que l'usage du magnétophone comme ammasseur de mémoire patrimoniale, familiale, ne se soit jamais vraiment imposé comme l'a fait celui de l'appareil photo.
En famille, on regarde avec nostalgie nombres de clichés jaunis par le temps, nous rattachant à notre lignée, faisant remonter à la surface de notre mémoire des moments disparus, des amis perdus de vue, mais on écoute rarement la voix de nos ainés...
Qui n'a jamais fait l'expérience de réentendre la voix de ses grands-parents contant une histoire ou chantant une chanson lors d'un sacro-saint repas familial, ne peut mesurer toute la force émotionnelle de la réécoute d'une voix chère, que le temps efface inexorablement de nos mémoire.
Et pourtant, le fait est là que cette mémoire sonore est encore bien peu utilisée, en terme de support, malgré le développement du numérique qui offre aujourd'hui de formidables capacités d'enregistrement à moindre coût.
Pour ce qui est des mémoires paysagères, des preneurs de sons, qu'ils soient naturalistes, qu'ils s'intéressent à l'identité urbaine ou aux activités géoclimatiques ou à tout ce qui bouge et s'entend, le field recording s'est progressivement développé, entre traces sociologiques, écologiques, et création sonore touchant plus le domaine artistique, et souvent à cheval entre ces différentes approches.

De nombreux exemples peuvent s'écouter sur la toile comme par exemple :
-
Sound Transit
- Promeneur écoutant
-
Mapping the World with sounds
... Et de très nombreux autres, en fouillant les méandres de la toile.


Mais revenons à l'actualité. Sous l'impulsion de Marc Jacquin et de son association Phonurgia, le musée Réattu d'Arles, dédié à la photographie, montre aussi, depuis quelques années, en les faisant écouter,  des paysages sonores divers.
Cette fois-ci, c'est avec le preneur de son Gilles Aubry que Le musée Réattu nous donne prochainement rendez-vous, pour joliment raconter le Monde avec des micros.





GILLES AUBRY
Né en 1973 en Suisse, vivant à Berlin, il utilise l’enregistrement, l’improvisation et les techniques génératives pour créer des environnements sonores à la limite de la sculpture et de l’abstraction musicale. Dans "Berlin Backyards" il est une sorte de dramaturge du réel, intériorisant, puis combinant des sons venus divers horizons. Arpenteur muni d’un micro plutôt que d’un boîtier photographique, il compile et superpose ses enregistrements jusqu’à ce que ceux-ci se mettent à former une trame sonore, qui révèle une image acoustique inédite. Certaines de ses pièces ont déjà été éditées par les labels Creatives Sources, Cronica Electronica, Schraum, Sound Implant et radiodiffusés par la Radio Suisse Romande, resonancefm (Londres), Radio Zero (Lisbonne), Giant Ear (New-York) et Radio Inkorrekt (Berlin).


A PROPOS DE BERLIN BACKYARDS – 45’12
"Ma pièce est basée sur une série d’enregistrements pris "sur le motif " (field recordings) réalisés durant l’hiver 2006 dans diverses cours intérieures berlinoises. Dans le tissu urbain de la nouvelle capitale, ces cours sont intéressantes par le fait qu’elles créent des espaces transitoires entre des territoires publics et privés, tout autant "maisons sans toit" que "rues fermées". Lieu d’expression de différentes relations de voisinage dont la nature comporte souvent une dimension de surveillance réciproque au nom de la sécurité de la communauté (…) Acoustiquement, ces cours fonctionnent comme des caisses de résonances pour tous les sons présents (…) La pièce, qui se focalise sur les micros-variations de l'environnement, privilégie l’usage de techniques compositionnelles qui préservent la qualité et la définition des enregistrements, telles que le bouclage aléatoire (loops) et le travail par couches superposées – la prise de son constituant l’étape décisive de la composition..  Berlin Backyards a été présentée pour la première fois lors du Festival Kleine Field Recording à Berlin le 4 février 2007. Des extraits ont été radiodiffusés sur resonancefm (Londres). Une édition discographique est prévue." G.A.


A PROPOS DES FIELD RECORDINGS
Les "field recordings" révèlent une multitude de manières de tendre le micro vers le paysage, en s'intéressant à des objets très divers. Cette pratique est à rapprocher de l'art de l'aquarelle ou de la photographie de paysage, quand ces derniers cherchent à saisir l'instant fugitif, à fixer le surgissement, la coïncidence harmonieuse, ou encore à retenir, pour reprendre le mot de Van Gogh, "ces couleurs impossibles à nommer mais dont tout dépend".
Toshiya Tsunoda capte ainsi les vibrations de l’air, de l’eau ou d’activités humaines telles qu’elles se propagent à travers divers milieux physiques, par exemple le béton ; Richard Harrison dresse le portrait d’une colline à partir des variations de potentiel électrique entre différents points du lieu ; Jacob Kirkegaard enregistre l’activité volcanique en Islande ; Jodi Rose ausculte l'architecture des ponts métalliques dont elle tire des sons de harpes telluriques ; Chantal Dumas propose un travelling sonore de sa traversée du Canada sur 10 000 km ; Andréas Bick relève la tête et capte les turbulences du vent qui sculpte l'horizon ; Knud Viktor (qui sera en 2009 l'invité du musée d'Arles), se couche dans la garrigue pour surprendre la vie secrète des insectes qui peuplent le Lubéron :  autant de signes, à interpréter, proposés aux auditeurs. Autant de démarches passionnantes à découvrir qui renouvellent l'approche du paysage.
Sources textes et photos site
Phonurgia

Tag(s) : #FESTIVALS