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AMELIE DUBOIS,
REPONSE A JOHN CAGE
Du
6 février au 26 avril 2009,
au
Frac Lorraine



Amélie Dubois est une artiste plasticienne qui réintérroge l'œuvre de John Cage. Dans ce titre à plusieurs entrée, Le Monde pourrait-il devenir musical ? que l'artiste sous-titre d'ailleurs réponse à John Cage, se cachent plusieurs interprétations visuelles et sonores. Tout d'abord le Monde, c'est le journal quodidien dans lequel sont puisées des informations qui seront traduites, ou interprétées musicalement.
Mais ce Monde, en sous-entendu, est certainement aussi, par une sorte de métaphore-valise en expansion, le Monde au quotidien, celui qui, réciproquement alimente le Monde journal écrit de ses petits drames et grandes catastrophes.
Vers un Monde qui deviendrait musical, et sans doute (peut-être) moins violent, utopie d'artiste ou dérision sarcastique ?
Pour construire son installation, Amélie Dubois s'est imposé des règles, assez cagiennes dans l'esprit, alliant aléas de l'information quotidienne et rigueur de création elle aussi quotidienne, sur un assez long terme.
Durant 1 an en effet, (du 1er juillet 2006 au30 juin 2007), l'artiste a transcrit chaque jour la « une » du journal Le Monde en partitions, en partitions musicales, graphiques. Ces dernières seront interprétées avec une grande liberté par une pianiste, Caroline Ly mais avec pour contrainte un enregistrement quotidien. Le travail est rendu sous la forme d’une installation. 12 tablettes, réparties aléatoirement dans l’espace, supportent chacune l’édition d’un mois de partitions exposées. Les interprétations musicales sont diffusées dans l’espace d’exposition de façon aléatoire, la date du morceau en cours est vidéo-projettée sur un mur.
Cette confrontation entre information écrite, dont le texte reste évocateur, figuratif, descriptif, avec une certaine concrétude, et sa transposition musicale, qui fait passer ce média dans un support dématérialisé et très abstrait, est en soit intéressante.
D'ordinaire, on assiste plutôt à des passages du sonore au visuel, par des représentations graphiques plus ou moins proches d'une partition, ou de représentations physiques, dynamiques, des images animées, vidéos...
Ici, le fait que le premier support donnant naissance à la musique soit l'écrit, sans pour autant que ce dernier fournisse matière à un texte chanté, ou un livret d'opéra, change radicalement la donne.
On peut s'intérroger quand au filtrage total du texte informatif par l'interprétation-improvistion d'une pianiste.
Que reste-il du message original ? Des impressions, des émotions, des rythmes,  rien du tout ?
Doit-il rester quelque chose de reconnaissable, d'identifiable de l'écrit dans cette œuvre ?
Le fait de se servir du texte comme source musicale ne détruit-il pas, plus ou moins  volontairement, l'essence-même du texte, ne conservant que sa rythmicité quotidienne, et la même contrainte qu'ont les éditorialistes à produire des "unes" au quotidien  ?
Ce serait alors plus la contrainte temporelle et  sa répétition tacheronne imposée, comme Jean-Sébastien Bach et autres consœurs l'ont connu, qui seraient sources de création.
Les questions restent posées.
L'artiste pourrait peut-être y répondre, peut-être pas, et peut-être n'y trouverait-elle là que des futiles spéculations.

Le côté aléatoire des diffusions piochant au hasard dans une année de textes et de partitions musicales attenantes viennent en tous cas  renforcer le clin d'œil à John Cage,  à ses expériences de l'innatendu, à ses rapports très larges avec l'univers sonore où  bruits, rumeurs du Monde se fondent dans une musique surprenante, sans cesse renouvelée.


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Installation,
Juin 2007
12 éditions de partitions
Diffusion des interprétations au piano



webdetailedition.jpg

Détail d’une édition de partitions,
juin 2007

 

 

 

160806.jpg
Le Monde, 16 août 2006,
06′19
Interprète Caroline Ly, pianiste



 Sources photos, site de l'artiste










Tag(s) : #ARTISTES ET OEUVRES