Près de cinquante ans après l’apparition de la performance en tant que pratique artistique
nouvelle, sa vitalité ne cesse d’étonner les observateurs. Après avoir survécu aux redéfinitions postmodernistes, la performance déroute toujours, tant par sa résistance à tout exercice
théorico-descriptif que par sa surprenante capacité d’hybridation avec les domaines les plus récents (performance interactive, vidéoperformance, performance en réseau…). L’importance de
la performance aujourd’hui est confirmée par l’intérêt croissant des jeunes générations d’artistes exerçant dans les pays occidentaux et par une formidable expansion du domaine dans les
pays de l’Est, en Asie et en Amérique Latine.
Déjà à ses débuts, par la coprésence non-médiatisée de l’artiste et de participants dans
l’espace-temps réel, la performance procurait à ses protagonistes une intensité du vécu inatteignable dans les formes dites « classique » de l’exercice
artistique.
Aujourd’hui, à une époque de dématérialisation et de virtualisation de l’expérience humaine, le
corps dans l’espace réel reste plus que jamais une constance étonnante de l’expérience esthétique. L'actualité du temps et la matérialité de l'espace de la performance engagent le corps
même des protagonistes et provoquent en eux un état de « supra-conductibilité » cognitive, révélée maintes fois par l'incroyable permanence des souvenirs liés aux détails des
actions vécues dans le contexte de la performance. Cette intensité du vécu dans l’espace-temps réel intéresse au plus haut degré à la fois les acteurs de la scène culturelle
(institutions, galeries, associations, écoles d’art) et la toute récente recherche scientifique menée au carrefour de la neuroesthétique et des sciences cognitives. En témoigne en France
l’actualité de la pratique, puissamment relancée par la création de nouveaux festivals et lieux de performance à rayonnement international et une série de projets de recherches menés dans
le cadre du CNRS, en prolongement de l’expérience initiée avec des artistes de performance par Nelson Goodman à Harvard Université en 1967.
Le collectif l’Entreprise apporte sa contribution au débat en proposant un événement périodique
consacré à la pratique de la performance, dans son nouvel espace, ouvert récemment dans la capitale. [J. B.]
Programme
|
Joël Hubaut / Léa Le
Bricomte
Performance mixte
|
Joël Hubaut et Léa Le Bricomte, plasticiens aux univers bucoliques et étranges tentent
d'expérimenter l'imprévisible percolation entre poésie sonore et rock-métal par des processus flexibles et spontanés d'improvisation in situ et cela comme un prolongement
possible de leurs expériences plastiques.
Entre cabaret et performance, leur attitude hybride expansée, (voix amplifiée, guitare
expérimentale, gestes incongrus), engendre un mix scénique aléatoire qui convoque autant le concert que la sculpture. Aucune intention préméditée, c'est la situation et le
contexte éprouvé en temps réel qui déclenche le pulse de la transe dans le cadre traversé.
Une énergie décalée, un flux trouble, conceptuellement punko-zen et tragiquement
parodique.
|
http://joelhubaut.jujuart.com
http://www.myspace.com/lealebricomte
|
|
Maria Clark
Performance "Just going round in circles in the
frame"
|
Le travail de Maria Clark s'engage principalement dans les espaces frontières ou
interzones; géographiques, physiques , psychiques.
Une œuvre marquée par l’obsession du cloisonnement. Par ses installations, ses
vidéos et ses actions, qui utilisent couramment son corps comme médium, elle aborde entre autres les questions du genre, de la séparation, de l'entre-deux, de la ligne,
du territoire, des nations, de l'immobilisme, de l'obstacle, du mur, du libre espace…
|
www.mariaclark.net
|
|
Dorota Kleszcz
Performance "La grande sortie"
|
Elle crée et produit des performances, installations et vidéos. Dans ses apparitions, elle
investit un lieu et y réalise une installation dans laquelle elle se met en scène. Dans les projets « Blanc » et « Noir », elle trouve une nouvelle direction et présente le côté
interactif de ses performances. Un de ses projets récents « Amorphe » est construit comme un environnement visuel et sonore représentant son espace vital ou elle évolue
d’une manière symbolique. « Amorphe » se développe avec le temps et se traduit par plusieurs réalisations : sculptures, peintures, vidéos.
Dans ses anciennes performances l’artiste pose la question du sens de son existence. Les
thèmes de la route et du processus de renouement sont devenus en quelque sorte les motifs principaux de son activité actuelle. Ses performances sont des déclarations très
personnelles. Elle construit celles-ci au grés des observations de la vie, où elle fait une analyse des problèmes d’adaptation dans le monde du XXI siècle.
|
http://www.dorotakleszcz.com
|
|
Jean Marc Savic
Performance en 2
parties
|
"Gimme some truth"
Le travail que je mène depuis neuf ans au sein d’un centre d'accueil pour demandeurs
d'asile induit un questionnement important autour de notions de territoire physique et psychique (la relation à l'autre, le psychotraumatisme…), politique (les politiques
migratoires, le droit au sol…), et autour de la question cruciale de l'origine et de l'appartenance.
Le réfugié est un individu vivant en suspension sur un territoire fragmenté troublant toute
frontière entre fiction et réalité.
La puissance de nos démocraties réside dans leur pouvoir de produire les conditions
propices à une hallucination collective.
La démocratie de contrôle informationnel comme nouvel humanisme ou comme nouvel ordre divin
?
La réalité démocratique (comme illusion politique inavouable), fondée sur une sécurisation
et un contrôle permanent de ses frontières physiques et psychiques, produit un puissant processus de perte de soi par l’oubli de l’autre. La réaffirmation croissante de l’identité
nationale par nos démocraties européennes, est particulièrement symptômatique de la manière de s’engager dans le futur et donc d’envisager la figure de
l’autre.
La peur de l’étranger est sans nul doute un des signes les plus tangibles de notre pauvreté
en monde.
Les deux performances que je propose sont deux actions
complémentaires.
La première action consiste en une course (la course comme un processus de fragilisation du
discours et de la posture assise en tant que références anthropocentriques) dans l’espace public (l’extérieur), accompagnée de la déclamation d’une liste. Il s’agit d’une
classification de tous les pays reconnus par la Communauté internationale, ordonnés selon un indice particulier : le taux de suicide.
La deuxième performance consiste en une dissection (la dissection comme
« ouverture » et comme sculpture concrète « à l’envers ») dans l’espace privé de Plateforme (l’intérieur), accompagnée d’une lecture - répétition d’un extrait
de récit de vie (le récit comme construction d’une variation dissonante de la réalité) de demandeur d’asile, et d’une production sonore concrète en direct.
|
|
|
Philippe Boisnard / Hortense
Gauthier
Performance poétique multimédia
|
HP Process (Hortense Gauthier et Philippe Boisnard) est une entité dans la
conjonction/disjonction qui développe une pratique d’art-action numérique.
Ils travaillent essentiellement sur des performances poétiques multimédias où se mêlent le
corps/la voix avec l’image et le son générés en temps réel et de manière interactive, mais aussi sur des créations sonores et des oeuvres vidéos.
|
http://databaz.org/hp-process
|
|
Marc T.
Performance sonore
|
Après six album composés entre 1998 et 2005 sur les labels « Noise Museum »
puis « M-tronic » avec son projet électronique "Dither" aux rythmes synthétiques syncopés et planants ; Marc.T revient avec une nouvelle expérience
analogique-numérique, pour un live inédit !
Ces dernières années il est apparu sur scène avec son groupe rock « Dirge »
auquel il a préféré se consacrer.
Plusieurs albums ont vu le jour dont le dernier « Elysian Magnetic Fields » sur
Division Records.
Après plusieurs concerts récents ou nos voisins d’Europe de l’Est ont découvert une
atmosphère sombre frontale et suffocante,
Marc.T fait une pause pour se replonger dans l’univers des machines.
C’est avec une nouvelle configuration technique qu’il réalisera une performance entièrement
live axée sur la sensation auditive, l'impact sonore, les rythmiques perturbées et sur les séquences dissimulées.
|
|
|
Manuela Centrone
Performance Haiku
|
La performance Haiku a été pensée pour la deuxième édition de l'évènement
Résurgences.
Elle se déroulera dans l'espace externe proche a' la galerie et parmi le public, de
22h a minuit.
Haiku sont des actions qui résultent presque inaperçues; des images, des gestes poétiques
qui ont comme but d'introduire l'art dans le milieu urbain et parmi les spectateurs, d'une façon subtile et silencieuse.
Haiku c'est une réflexion sur l'art performance, sur l'artiste-performer et sur son rôle
dans la société.
Apporter de la poésie, de la beauté, de l'imprévu dans le quotidien, c'est le but de ces
actions éphémères et symboliques, de durée variable (très courtes ou au contraire très longues), qui évoquent une façon de vivre autrement.
|
http://centronemanuela.e-monsite.com/
|
|
XO_54 feat. Matthieu
Blanchard
performance sonore
|
Fricative , Uvular, and Bilabial Art ; they make minimal installations with sounds,
wallpaintings and other delights.
They apply a contextual, collaborative and adaptative work according the modalities and
spaces of exhibitions and/or live. since 2010-11-09.
|
http://xo54.b00t.fr/
|
|
Angie Eng / Pascal
Battus
Performance Tremorrag
dessin en direct / son
|
Le mouvement, peut-t-il s’exprimer comme la musique et l’image ? La musique Noise et
les vidéos de Pascal Battus se mélangent avec les images et les sons de Angie Eng, peaufinées à la palette graphique. On éprouve alors comme un temps impossible,
suspendu ou éclaté, attribut d’irréalité commun au rêve et au cinéma.
|
http://angieeng.com/blog/?page_id=113
|
|
Jean f Blanquet
Project Singe
|
_project compagnie audio_visuelle appliquée?
(association 1901 crée en 1997),
- depuis le début _project mène un travail sur les rapports image/son dans le
direct.
- est à l'initiative de plusieurs soirées/évènements à Montpellier -les multiprises- (19
ont été réalisées au total), soirées où se mêlent actes sonores et mix-image, expos photos, courts métrages...
- depuis 2000 _project se positionne comme compagnie audio_visuelle appliquée en créant des
performances comme -le cerveau-/-médicaments-/-L.évolution-/-le Si aigu-/-dans le champ du loisible-/-figure #- ainsi que des installations multimédias :
-Ad_dress-/-observation-/-SYNTAXprototype- et réalisation de CD et DVD -monkey_party-.
|
http://projectsinge.net
|
|
Antoine Proux
performance parcours
Moulin à paroles
|
Moulin à paroles est une déambulation qu'Antoine Proux réalise en poussant une roue ayant
l'apparence du panneau de signalisation « sens interdit », dont la bande centrale a été découpée pour accueillir des lettrages en bois. Au gré de ses promenades, l'artiste se sert
de ces outils pour « soustitrer» à même le sol les idées ou suggestions que lui inspirent les espaces rencontrés. Réduites à un mot, un terme simple, ces traces viennent
interroger le paysage et la vie urbaines ainsi que notre façon de les appréhender.
Vouées à disparaître sous le pas pressant des citadins, ces bandes blanches hors les routes
témoignent pour un temps d'un passage et d'une sensation que la ville renouvelle sans cesse : car le véritable moulin à parole c'est bien elle, dans sa faculté à nous interpeller
et à nous émouvoir toujours.
François Mallard
|
|
|